Maintenant qu'il fait tout le temps nuit sur toi de Mathieu Malzieu
Maintenant qu'il fait tout le temps nuit sur toi de Mathieu Malzieu
Flammarion, mars 2005
L’écriture poétique qui traite du deuil adoucit les angles de la douleur. L’apparition du personnage fantastique du géant Jack l’aide à surmonter sa peine, à affronter le vide qui l’habite, il échange, partage ses émotions avec ce géant attachant. Il est le messager, le lien entre les morts et les vivants. Il est l’ami nécessaire à l’endurcissement et au retour vers les plaisirs de la vie. Une réelle complicité se fait jour. Le récit rend hommage au côté obscur, il permet de l’apprivoiser sans crainte, de s’en faire un allié. Le personnage a trente ans et pourtant à suivre ses pérégrinations, on dirait un enfant. Car c’est ce qu’il est devenu intérieurement en perdant sa mère. C’est un oisillon qui doit réapprendre à voir, à goûter le monde par son propre regard et non plus par le truchement des actes et caresses de sa mère, bien que ceux-ci restent présents et prégnants en lui.
Outre le recours à l’imagination et au fantastique, l’humour présent dans le discours est aussi salutaire au personnage. Le ton incisif des pensées et des paroles du personnage retranscrit son mal-être. L’accentuation qui est faite dans le récit sur les perceptions visuelles et auditives redonne un cadre à cette douleur, phénomène normal, inclus dans le mouvement de vie et la beauté de toutes choses, mêmes des plus tristes.
Citations :
Je suis très fier qu’elle me traite de puffin : ces oiseaux macareux emblématiques de l’Islande ont un comportement qui me plaît bien, dans le sesn où ils ont un apppareillega physique d’oiseau, des gestes d’oiseau mais pour le décollage une efficacité de saint-bernanr arthritique. Ils coiurent sur l’eau, battent des ailes, prennent péniblement quelques centimètres de hauteur, et s’affalent dans l’écume comme des merdes. Curieusment ils possèdent une certaine grâce dans leur façon dodue de racler leur petit bide contre la mer.
J’arrive devant ta tombe, avec cet acacia et ses ombres que je connais bien. Maintenant qu’il fait tout le temps nuit sur toi, que cette fois c’est sûr, que nous avons fixé une dalle marbrée pour entreposer larmes, souvenirs et fleurs, je réalise. Je n’accepte pas, mais je réalise.
Les fantômes sont faits de souffle, de véritables petit morceaux de vent, ils peuvent inhaler une quantité incroyable de brouillard en une seule inspiration. En Ecosse ou en Islande, les vivants et les morts sont en harmonie. Chacun croit et respecte l’étrangeté de l’autre, et ça se passe très bien. Les fantômes sont contents de sortir inhaler les tonnes de brouillard épais que génère la terre de ces pays, et les vivants sont contents de voir le ciel bleu de temps à autre grâce à ces avaleurs de nuages. C’est une sorte d’équilibre naturel. En plus c’est très beau à regarder, des fantômes qui inhalent de la brume. Il s font toute une série de petits tourbillons. Ils manifestent leur plaisir par de petits cris très fins – on dirait des scies musicales désaccordées. Les fantômes crient comme ils respirent, ça ressemble au son que ferait du vent s’engouffrant dans une flûte à bec.